La question se pose à nous souvent les potiers/céramistes…
Est-ce que je fais une activité dangereuse pour les autres, pour la nature et pour moi ?
Et la réponse est …. Oui !
Comme skier, conduire une voiture ou marcher dans la rue peut-être dangereux.
Parlons en premier de nous … non ?
- La silice: élément constant dans toutes nos manipulations. Il y en a partout, dans la terre, les émaux, les engobes.
Nos ateliers en contiennent beaucoup et nous en respirons.
L’accumulation de silice dans l’organisme peut provoquer la silicose.
Pour s’en prémunir la première protection est un masque efficace (pas en papier, voir liste matériel) lorsque l’on émail au pistolet, que l’on prépare des émaux en quantité, si on doit poncer des pièces, quand on émaille au pistolet, voire quand on passe le balai.
A ce sujet, on ne passe pas d’aspirateur dans un atelier !
Je n’ai pas vraiment de solution pour nettoyer un atelier, si on mouille, on colle la poussière qui ressurgie dès que c’est sec. Le mieux est de pouvoir passer un grand coup d’eau au sol et de passer une raclette, mais on ne peut pas faire ça partout…
Au fait, si vous avez un chien, un chat, …. ne le laissez jamais rentrer dans votre atelier ! Il respirera près du sol et des poussières, c’est sympa pour le ménage mais pas pour ces poumons ! - Les oxydes céramiques:
Le cobalt, le baryum, le cadmium (entre-autres) font partie des plus toxiques et bien d’autres ne sont pas inoffensifs.
Ceux-ci sont dangereux pas inhalation, contact avec la peau et ingestion.
Rassurez vous, un émail bien fait va fixer ces oxydes et les rendre inoffensifs.
On ne manipulera JAMAIS les oxydes avec les doigts… ni une autre partie du corps )
Utilisez toujours des gants jetables latex, ou autre si vous êtes allergique, et à votre taille.
On ne mange pas, ni ne fume dans un atelier… et on se lave les mains avant de le faire.
Si vous en renversez, prenez des précautions pour le ramasser . - Le plomb: en plus de faire partie de la liste des oxydes décrits ci-dessus, commence à se volatiliser très tôt, dès 500°C.
Si vous utilisez celui-ci, le four ne devra pas être proche de votre atelier ou devra comporter, dans un local indépendant, une ventilation renforcée.
Sinon c’est vous qui le respirez et vive le saturnisme ! - Les fours à gaz dégagent du monoxyde de carbone (CO). Gaz lourd et toxique.
Les premiers symptômes sont étourdissement, maux de tête, évanouissement et mort
Les fours à gaz seront installés de préférence à l’extérieur. Dans le cas contraire achetez un détecteur de CO (pas de fumée !!) qui vous sauvera la vie (c’est du vécu !) - Les fours électriques ne sont pas inoffensifs non plus. Lors de la cuisson de nombreux dégazages se produise dans nos pièces. Il n’est pas sain de rester dans la même pièce qu’un four en fonctionnement, même électrique.
Parlons maintenant du danger que nous pouvons faire subir à nos clients, amis ou famille …. (hors belle-mère )
- Nous avons vu dans un article précédent qu’un émail était de la silice qui avait fondu.
Lors de son refroidissement, elle va capter, s’associer, avec les oxydes contenus dans cet email.
Si l’émail est mal conçu, la silice ne fixera pas tous les autres oxydes qui resteront libre après le refroidissement.
Cela peut se traduire par des efflorescences de surface (ex : soude, potasse en forte proportion).
Mais, pour du plomb mal fixé, il se retrouvera dans un contenu acide (ex : le jus de fruit que boira un enfant, le vin servi dans un pichet ou dans le fameux vinaigre du vinaigrier aux couleurs fluos acheté lors des dernières vacances en Tunisie – il n’y a pas qu’eux, il y en a plein aussi en France)
Tout comme le plomb; le baryum, cobalt, cadmium, chrome,…etc. sont toxiques à partir de certaines concentrations dans un émail.
Le problème se pose pour un objet à destination “alimentaire”, bien entendu ! - La notion d’alimentarité : On entend par objet alimentaire une pièce destinée à recevoir un aliment ou une boisson.
Cela ne veut pas dire qu’il est comestible …. désolé, blague facile,….cela signifie que:
- l’aliment consommé, après avoir été en contact avec la pièce, ne contiendra pas d’élément capté dans la pièce céramique
- et
- qu’aucun aliment ne restera “prisonnier” de la pièce céramique après nettoyage (ex une pièce rugueuse ou tressaillée sur un tesson poreux)
Les limites de “tolérances” sont fixées par des lobbies des scientifiques qui estiment ce que nous pouvons endurer sans en souffrir.
C’est très subjectif… mais la loi est la loi !
Non je n’ai pas parlé des lobbies !!!-
Et enfin, parlons du plus important, la protection de notre environnement dont dépend notre survie
Plusieurs types de pollution peuvent découler de notre activité:
- Restes d’émaux inutilisés
- Nettoyage du matériel
- Gaz brulé des cuissons dans nos fours
- Dégazages des émaux toujours lors des cuissons
-
-
- Restes d’émaux:
Il est bien sur inconscient de jeter dans nos canalisations les restes d’émaux pouvant contenir des substances toxiques.
Une méthode simple est d’utiliser un bac de débaguage. C’est un petit récipient ou nous collectons nos restes d’émaux.
J’utilise un seau que je laisse ouvert en permanence pour que les restes sèchent au fur et à mesure de mes dépôts.
Lorsque le seau est plein, je le verse dans un saladier en terre qui me permettra, lors d’une cuisson de vitrifier ces restes.
Je peux ensuite jeter ce verre solidifié avec un impact moindre sur la nature. - Nettoyage du matériel:
On utilisera au maximum le bac de débaguage. Pour les émaux toxiques une feuille de papier essuie tout permet déjà d’essuyer les récipients et les pinceaux avant de jeter le papier à la poubelle.
Pour la fin de nettoyage faite pour le mieux. On ne peut pas avoir un impact zéro avec ces produits là.
Personnellement j’ai fait le choix de bannir de mon atelier tous les produits de ce genre.
Les résidus de terre ne feront qu’encrasser vos canalisations. Il existe des astuces pour détourner l’eau de l’évier pour les faire passer par un bac de décantation (pour les bricoleurs). - Gaz brulé des cuissons dans nos fours:
Une cuisson au gaz, avec un réglage des bruleurs optimisé devra réduire l’impact de la pollution.
L’usage de produits fossiles sera de toutes façons nuisible à l’environnement, l’électrique quant à elle, utilise l’énergie nucléaire …. pas de commentaire.
Le bois sec est ce qui devrait être le plus écolo, mais rare ceux qui ont la chance de pouvoir cuire de cette manière – L’Ideal et mon futur projet: un four bois à post-combustion. - Dégazages des émaux toujours lors des cuissons:
Là, on ne peut pas l’éviter, à vous de ne pas être là pendant la cuisson.
- Restes d’émaux:
-
Voila pour un petit tour d’horizon des précautions à prendre.
Nous verrons bientôt comment réaliser un émail non toxique.
Prenez ces quelques précautions pour une pratique en sécurité et on en reparle dans 30 ans.
A bientôt
Bravo pour ce blog, je débute et cela me permet d’approfondir mes questions.
Je trouve vos réalisation très belle (photos en icone)
Bonjour,
ESt ce que l’argile auto durcissante contient aussi de la silice et des oxydes ??
Merci !
Désolé encore de répondre si tardivement.
Je ne connais pas la composition de votre “argile”.
Votre fournisseur doit vous répondre si vous le questionnez.
Je utilise pas ce matériau.
Bonjour
Mer i pour votre blog
J’ai une question. Je pratique un peu et voudrais offrir qq tasses à des amis. Mais avec tout ce que je lis partout , j ai peur de les intoxiquer avec mes pièces!! 😅
Si j utilise de la faience et des émaux sans plomb, ni cadmium sélénium, est ce que je risque de les intoxiquer ou ces pièces peuvent elles être considérées aptes à un usage alimentaire?
Merci de vos éclairages!
Maria
Dsl, je vous réponds tardivement.
La toxicité est une chose, l’alimentarité en est une autre.
Tout est aussi question de normes…. et de lobbies.
D’après ce que vous me dite, vous avez une bonne base.
Ensuite la toxicité vient d’une saturation d’oxyde tel que le cobalt ou le chrome, cuivre ….. Si il y en a trop, l’émail n’arrive plus a fixer ces oxydes.
Ne depassez pas 1 à 2% et tout ira bien.
D’autre part votre émail ne doit pas être tréssaillé sinon il n’est plus alimentaire.
Bonjour, merci pour cet article, j’ai justement deux petite questions sr le sujet.
1) Est ‘il possible de nettoyer les outils plein de terre et mes restes d’émaux au même endroit? Et donc de faire cuire tout restes de terres/oxydes/émaux ensembles?
2) A quel température faut t’il cuire le reste d’émail? l’émail ne va pas accrocher complétement au récipient en terre?
Merci!
Bonne journée 🙂
juliette
1) Dans l’idéal, c’est mieux de recycler sa terre mais s’il y en a peu; effectivement; on peut tout mélanger et faire sécher le tout avant cuisson.
2) Si on veut éviter de polluer encore plus la planète, il faudra sacrifier un récipient pour y faire vitrifier l’émail et ainsi fixer sa toxicité dans un verre. Et donc, oui, ça va coller au récipient.
Vous pouvez toujours tenter d’appliquer un engobe de décollement avant d’y déposer l’émail. Çà doit fonctionner pour un décollement que du verre. Engobe 2/3 kaolin et 1/3 silice, appliqué épais.
C’est une bonne idée, je vais essayer.
La température sera celle de la fusion de votre émail 1000°C en BT et au moins 1240°C en HT.
Merci beaucoup pour votre réponse ! Je vais tester ça 👍
Bonjour,
j’ai une recette d’émail noir mat, avec 7% d’oxyde de fer, 5% d’oxyde de chrome et 4,5 d’oxyde de cobalt avec comme base d’émail, feldspathique sodique (60), chaux (24), kaolin (10) et alumine hydratée(6). Cuisson 1260° sur grès.
Puis-je utiliser cet émail sur des objets destinés à recevoir des aliments humides?
Merci pour votre réponse!😊
Marie-Pierre
Bonjour,
Seul une analyse de l’émail pourrait en attester.
Mais vu le taux de Cobalt et de Chrome, à votre place j’éviterai l’usage sur de l’alimentaire.
Personnellement, je n’essayerai même pas.
Vous avez des Tenmoku utilisable en HT avec 7% d’oxyde de fer et rien d’autre; c’est noir si c’est épais.
Bonne journée
Bonjour,
Seul une analyse de l’émail pourrait en attester.
Mais vu le taux de Cobalt et de Chrome, à votre place j’éviterai l’usage sur de l’alimentaire.
Personnellement, je n’essayerai même pas.
Vous avez des Tenmoku utilisable en HT avec 7% d’oxyde de fer et rien d’autre; c’est noir si c’est épais.
Bonne journée
Bonjour,
j’ai une recette d’émail noir mat, avec 7% d’oxyde de fer, 5% d’oxyde de chrome et 4,5 d’oxyde de cobalt avec comme base d’émail, feldspathique sodique (60), chaux (24), kaolin (10) et alumine hydratée(6). Cuisson 1260° sur grès.
Puis-je utiliser cet émail sur des objets destinés à recevoir des aliments humides?
Merci pour votre réponse!😊
Marie-Pierre
très clair, merci !
Bonjour,
J’ai des biscuits de faience blanche FT244B que j’ai émaillé avec l’émail conseillé la CT4 (ceradel).
Courbe de cuisson :
1) 100°C/h jusqu’à 300°C
Palier 5 min
2) 150°C/h jusqu’à 980°C
Palier 20 minutes.
J’ai eu à la dernière cuisson des efflorescences à la surface de tous les pots de la cuisson (voir photo). Est-ce que vous avez une idée de ce que cela pourrait être ? Je les essuie mais elles reviennent.
merci d’avance,
Bonjour,
J’ai déjà vu des traces blanches dues à une surépaisseur d’émail.
Mais vous parlez d’efflorescences qui se retirent et reviennent après !
La, je ne connais pas.
Est-ce que vous en avez aussi à l’intérieur du bol ?
Les efflorescences sont dues à une matière soluble qui se dépose à la surface et aussi dans le tesson lors du séchage de la pièce.
C’est traditionnellement des alcalis.
Mais ils restent “fixés” à la surface lors de la fusion de l’émail et ne peuvent pas être essuyés !
Cela voudrait dire que votre émail est poreux.
Essayez de mettre de l’encre de chine dessus et voir s’il rentre dans l’émail.
Si l’émail reste taché, cela voudrait dire qu’il à un défaut de conception (trop d’alcalis).
Mais comme vote émail parait brillant sur la photo, il parait vitrifié normalement vitrifié !?
Je vous conseille de vous rapprocher de Ceradel Limoges, à la maison mère.
J’ai souvent eu des problèmes avec les produits de cet enseigne.
Si vous avez une réponse, un retour de votre part serait intéressant.
Bonne journée
Merci pour ces conseils. Les glaçures achetées toutes préparées dans les magasins de poterie au Canada suivent sûrement des normes strictes?
Bonjour,
Je ne sais pas au Canada.
Pour la France, il y a des normes, oui, mais qui ne préjuge pas de l’alimentarité des émaux et des argiles supportant ces émaux.
Je m’explique; il y a des contrôles pour estimer le taux de plomb, vanadium, cadmium,…. dans les émaux déposés sur les pièces que l’on vend à nos clients.
En cas de dépassement, sur des pièces “alimentaires”, de certaines taux fixés par ces normes, nous sommes verbalisés. Point !
Mais… rien n’empêche à nos fournisseurs de nous vendre ces émaux….
La responsabilité est sur nous.
A me faire traiter de com-plotiste, je dirais que ces normes sont fixés par certains lobbys…. La Russie est plus stricte que l’Europe … pourquoi ?
En effet, en France on peut acheter des émaux au plomb. Si je l’utilise pour un cadran solaire… il y a peu de risque. A moi de voir ce que j’en fait.
On doit se renseigner en amont de la qualité, de la composition, de la manière d’appliquer ces émaux, de les cuire et d’avoir cette fiche technique en notre possession avant de commercialiser quoi que ce soit d’alimentaire.
Personnellement, je fabrique tous mes émaux et je sais ce qu’il y a dedans !
En espérant avoir répondu à ta question.
Oui bien répondu a ma question. C’est à moi de vérifier le contenu de chaque pot de glaçures. 🙂